Le Choix du Souhait (Les re-contes 3)

Le Choix Du Souhait

Il y avait une ambiance tendue dans la cave du manoir. La tension avait commencé au fur et à mesure que l’Assemblée s’était réunie, et là, il y avait de l’énervement, de l’excitation et de l’inquiétude, sous les capes cagoulées des membres. De la fatigue, aussi. Certains auraient préféré une meilleure heure que minuit pour débuter la séance.

Mais il y avait une urgence. Leur leader avait disparu depuis un mois, et ils n’avaient toujours pas de remplaçant. Ce n’était pas par manque de candidats, seulement par manque d’un bon système pour les départager.

Des idées qu’ils avaient eues, ils avaient réussi à réduire le nombre, et trois restaient en lice. Comme on n’arrivait toujours pas à trouver lequel les mèneraient à leur future gloire mieux que les autres, ceux-ci avaient décidé de faire appel à un pouvoir supérieur. Un peu trop supérieur, pensaient certaines des cagoules.

La cire des bougies coulait sur la craie qui dessinait le symbole démoniaque sur le sol. L’invocation avait été récité en chœur, psalmodié aussi souvent que l’ancien grimoire l’avait conseillé. Le corps sacrifié refroidissait.

Quelqu’un regarda discrètement sa montre.

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Les Trois Bals (Les re-contes 2)

Les Trois Bals

Il était une fois une jeune fille dont la vie s’était bien compliquée après la mort de sa mère.

Elle s’appelait Cassie. Née dans une riche famille, élevée par des parents doux et aimants, sa vie au manoir familial était parfaite et elle était très heureuse. Ses parents partaient souvent pour un mystère ou un autre, les coffres remplis de trésor et d’histoires fantastiques, attendant avec impatience le jour où leur fille serait assez grande pour les accompagner malgré le danger.

Cassie n’avait jamais vu de couple plus amoureux que l’étaient ses parents, et elle ne risquait pas d’oublier le chagrin de son père lorsque sa mère est tombée malade, ses efforts pour la sauver, et son ultime cadeau lorsqu’elle donna son dernier souffle.

Il avait insisté pour la garder près de lui et avait donc mis sa tombe au fond de leur grand jardin. Parce qu’il voulait que son repos se fasse dans un endroit qui reflète sa beauté, il avait fait poser une large stèle où était gravé le portrait de son épouse, un portrait étonnant de ressemblance où il avait fait placer des saphirs à la place des yeux.

Il s’était assuré qu’elle serait à l’abri du vent et de la pluie, avait planté ses fleurs préférées autour d’elle, et avait même rajouté un chêne pour remplacer celui de l’autre côté du domaine où elle aimait y lire. L’arbre avait poussé tellement vite que Cassie se disait que c’était à force de l’arroser de leurs larmes.

Alors imaginez sa confusion lorsque seulement quelques mois après la tragédie, son père est revenu d’un de ses voyages d’affaires avec une nouvelle femme et ses deux filles.

Elles s’appelaient Laura, Lana et Lucille. Lana avait un an de plus que sa sœur, qui avait le même que Cassie. Et comme son père était de plus en plus absent pour le travail, elles avaient vite pris le contrôle d’un manoir qu’elles n’aimaient pas. Elles se gardaient de le montrer quand il était là, mais Cassie les avaient entendues plus d’une fois se plaindre de l’ambiance que donnaient les œuvres d’arts et artefacts que ses parents avaient choisis comme décoration.

Elle avait essayé de prévenir son père, de se plaindre de la façon dont elles la traitaient, de la charge de travail grandissante que sa belle-mère la forçait à prendre. Il l’avait quasiment ignorée, se contentant de lui assurer qu’il faisait le meilleur choix pour elle, qu’en gardant espoir, lui et sa nouvelle femme lui trouveraient un excellent mari pour une vie encore meilleure.

Mois après mois, les choses empiraient. Cassie était quasiment devenue la seule domestique de la maison, parce que ceux qu’ils avaient partaient tous. Oh, ils faisaient un effort pour protéger Cassie, mais la peur finissait par être plus forte, alors, ils partaient.

La rumeur était lancée que le manoir était hanté, qu’ils entendaient des bruits, des voix, qu’ils voyaient des ombres bouger, que quelque chose était en train de s’installer dans la maison.

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Le Cadeau (Les re-contes 1)

Allez on se lance avec nos nouvelles de contes ré-imaginés en qui-font-un-peu-peur (titre provisoire). Et joyeux Hallowe’en!

Le Cadeau

Il était une fois deux amis qui avaient passé une longue semaine à une convention et avaient hâte de rentrer chez eux.

Au volant de la voiture, John. Peintre à ses heures perdues, il y avait exposé ses tableaux pour se faire, d’après ses mots, de l’argent de poche. C’était à peu près ce qu’il avait réussi à gagner. A côté de lui, Henri. Lui, c’était des peluches qu’il avait mis en vente, et n’avait donc pas à se plaindre du résultat.

C’était toujours comme ça entre eux, Henri était toujours plus perspicace, plus doué, plus à même de prendre des risques, plus assuré que John. Ça n’ennuyait pas John quatre-vingt dix pour cent du temps, parce qu’Henri partageait en général les bénéfices.

Les dix pour cent restant, c’était pour les moments où il partageait les ennuis ou ceux où John perdait un pari. Pour le coup, il devait faire avec le choix d’Henri question radio pour la durée du voyage.

« … ignorer, mais son malaise restait, sans qu’elle n’arrive à mettre le doigt sur pourquoi. C’est quand elle fit tomber son livre qu’elle comprit. Le bruit qu’il fit en touchant le sol avait une seconde de retard. »

– T’es sûr que tu préférerait pas autre chose ?

– Certain ! On parie sur ce qui va lui arriver ?

– Je dois me concentrer sur la route.

Henri ricana, et John l’ignora. Ce n’était pas un mensonge complet ! Il s’était trompé quelque part et ils croisaient plus d’arbres que de lampadaires. Et pour améliorer l’ambiance, le ciel s’assombrissait bien vite pour une fin d’après-midi. Ce qui rassurait un peu John, c’était les voitures qui partageaient la route avec lui.

« … ses mains et compta. Une, deux, trois secondes avant qu’elle entende le son. Ses propres pas étaient silencieux, même en frappant les talons aussi fort qu’elle pouvait. Le cœur battant, elle lança un ‘ohé ?’. Et trois secondes plus tard, elle entendit l’écho de ses paroles. Un écho qui se répéta une seconde fois presque aussitôt »

– Elle se pointe quand, ta sortie ?

– Quand elle sera là. Maintenant tais-toi, je veux entendre comment elle va se faire tuer.

« … affaires sans perdre de temps, et courut vers la porte pour s’enfuir, et au moment où elle ouvrit la porte, eljghskkkkshaks … »

– Oh, allez !

Henri joua avec les boutons, sans obtenir autre chose que des grésillements. John allait blâmer les arbres pour la mauvaise réception, mais changea d’avis en repérant le gros nuage au-dessus d’eux. La pluie ne tarda pas à tomber, vite remplacée par la neige.

Neige absolument pas prévue en Mai, mais elle n’avait pas l’air de vouloir laisser un calendrier la faire partir. Elle tombait de plus en plus fort, de plus en plus épaisse, au point que John avait peur de devoir s’arrêter au milieu de la route. Les phares devant lui prirent un tournant, et il respira de soulagement en voyant ce qu’ils avaient vu, un hôtel avec son nom illuminé bien visible dans la tempête.

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